S’il y a bien une franchise cinématographique pour laquelle il faut reconnaitre l’impact dans le cinéma de genre de Science fiction, et ce jusqu’à maintenant, c’est bien celle de La Planète des Singes. Mais quid de son dernier opus La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume , rend-il hommage à la saga ? Réponse dans cette critique garantie sans spoils.

La Planète des singes, une histoire de Boulle…

Du roman du français Pierre Boulle, sorti en 1963, jusqu’à sa premiere et brillante adaptation en 1968 par le réalisateur Franklin J. Shaffner (même si des changements majeurs furent apportés par rapport au livre, comme la chute de l’histoire, bien qu’elle fut saluée pour son imparable twist final) , cette saga qui comporte de base 5 films entre 1968 et 1973 et une serie TV (1974) reste un modèle du genre. Que ce soit en termes d’écriture, de mise en scène ou d’interprétations.

Il était donc logique que quelques décennies plus tard, les producteurs hollywoodiens s’y intéressent à nouveau, avec le début en 2011 d’une nouvelle trilogie Reboot qui contextualise le récit de base du roman pour repartir du début dans La Planète des Singes : Les Origines avec l’avènement de La Planète de Singes (et les raisons qui ont amenées à la fin de l’humanité) pour s’étendre avec un épisode de transition, La Planète des Singes : L’Affrontement. Épisode qui développe cette fois la guerre entre les humains et les singes, mais aussi les rivalités de pouvoir entre singes (le combat entre César et Koba). Pour finir sur le meilleur chapitre à mon goût, le plus spectaculaire et le plus émouvant, avec La Planète des Singes : Suprématie. Chapitre intense, qui voit la lutte finale de César contre l’oppresseur humain. Un triptyque de haute volée qui se termine donc en 2017, et que je désignerais sans hésiter comme ce qui s’est fait de meilleur en tant que blockbuster sur la décennie 2010. Donc d’excellente facture dans l’ensemble et qui sur la durée a su se renouveler, dans des productions qualitatives (scénario, réalisations, casting) avec également une constante évolution en termes d’effets visuels. Notamment pour la représentation d’un monde post-apocalyptique toujours plus impressionnant et bien sûr, avec la présentation des différentes races de singes, sidérantes de réalisme à l’écran.

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Le « Nouveau César” ?

À la fin du dernier opus en date, le leader charismatique qu’était devenu César ouvrait donc le champ libre à un nouveau départ dans l’univers foisonnant de la saga. Ainsi, La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume dont les événements se déroulent plusieurs générations après le règne de César, est un film qui relance les enjeux de la planète dans ce monde qui repose sur les vestiges de la civilisation humaine, et à présent dominé par les singes. Et ce, en nous présentant quelque part un des héritiers de César, dans le sens bénéfique du leader qu’il fut, avec l’introduction du personnage de Noa, le héros chimpanzé de ce nouvel opus.

Alors qu’en parallèle, un autre singe, chef tyrannique, pense plutôt à établir son empire en se renommant d’ailleurs lui-même, Proximus César. Et en cherchant à s’approprier, au sein de son QG, situé dans l’enceinte d’une épave de bateau fortifiée, certaines technologies humaines, comme une arme dévastatrice, située derrière une grande porte blindée. Une porte paraissant infranchissable, qu’il tente désespérément de faire ouvrir par sa colonie d’esclaves, composée de singes et d’humains qu’il a fait capturer. Et ce, afin d’asseoir son pouvoir sur l’avenir de la planète. Ainsi, Noa, après l’attaque de son village par un chef Gorille aux ordres du « nouveau César » despotique, entreprendra un périlleux voyage qui l’amènera à se poser des questions sur le passé et l’avenir en compagnie d’un orang-outang et d’une jeune femme (excellente composition de Freya Allan qu’on a pu voir aussi et surtout dans la série The Witcher) qui les suit en cachette au début et finira par les accompagner….

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Une technologie à la pointe

Force est de constater dans La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume, que ce qui m’a d’emblée frappé, c’est le bond technologique accompli en l’espace de 6 ans, par les génies de Weta Digital (la boite de SFX ayant travaillé sur la trilogie du Seigneur des Anneaux) . La motion capture (NDLR : capture de mouvement) et les CGI ont permis de créer des singes incroyablement réalistes, donnant vie à des personnages expressifs et émouvants. Sans oublier les décors post-apocalyptiques, superbement mis en valeur par la mise en scène immersive du nouveau venu dans la saga, Wes Ball (à qui l’on devait déjà la solide trilogie du Labyrinthe) , immergeant le spectateur dans un monde dévasté plus vrai que nature. Les acteurs, particulièrement ceux interprétant les singes, offrant ici à nouveau des performances remarquables. L’engagement physique et émotionnel de ceux-ci est palpable, ajoutant une profondeur aux personnages numériques. Donc de ce côté là, rien à reprocher, La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume reste parfaitement dans la lignée des précédents et reste un régal pour les yeux et les oreilles !

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Thèmes profonds et réflexion sociale

La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume aborde donc des thèmes pertinents tels que la coexistence, la tolérance, et les conséquences de la guerre. Il offre une réflexion sur l’humanité et l’inhumanité à travers les interactions entre les espèces. Les questions éthiques et philosophiques posées par le film encouragent aussi à réfléchir au-delà des scènes d’action, toujours bien chorégraphiées et palpitantes (mention spéciale à celle de l’attaque du village au début, ou bien de celle de la capture des humains dans les champs, référence directe au premier film de la saga) qui maintiennent un intérêt plutôt constant durant les 2h25 du métrage (le plus long des films de la saga à ce jour) .

Toutefois, si j’avais une ou deux réserves à évoquer, c’est que bien que les thèmes soient profonds, le développement de l’intrigue peut parfois sembler prévisible pour ceux qui connaissent bien la franchise. Certains arcs narratifs suivent des schémas plus ou moins vus dans les films précédents. Cependant, cela ne gâche en rien le spectacle généreux que propose le film dans l’ensemble. Grâce à un rythme de narration qui présente suffisamment de péripéties, avant que les personnages n’arrivent à la base du leader en chef des singes, Proximus César. À partir de là, le film ne va cesser d’élever le tempo des évènement jusqu’au brillant et spectaculaire final ! Et qui illustre bien la portée de ce que doit être un bon blockbuster, calibré pour le grand public, loin des autres produits de luxe hollywoodiens sans une once d’originalité et au final sans âme qu’on nous sert sur grand écran chaque année (tels “Les Marvels” ou récemment “Madame Webb” pour ne citer qu’eux..) .

Mais qu’importe ces quelques défauts évoqués plus haut quant à l’intrigue, car au bout du compte l’impression première qui en ressort c’est le mot “satisfaction” avant tout, et de sentir que le résultat est là, qu’il fonctionne vraiment, avec un sens du rythme millimétré. Sans se moquer du spectateur, en faisant les choses de manière réfléchie et en donnant l’envie de connaître vraiment ce que nous réservera la suite… vu comme se termine ce volet.

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Conclusion de cette critique de La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume

La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume est donc une addition solide à la franchise, offrant, des effets visuels encore plus époustouflants et des performances d’acteurs impressionnantes. Sans oublier, je le repète, cette séquence finale qui, à elle seule, vaut le détour, tant elle est maîtrisée techniquement parlant, offrant une intensité visuelle, et concluant de façon magistrale le film.

Vu le succès de ce dernier volet (aux USA et dans le monde) , on attendra de voir la suite, car on sent bien que ceux qui sont aux manettes continuent à vouloir faire de cette franchise un objet cinématographique qui restent en mémoire pour la grande majorité des spectateurs. Et ce, en respectant au plus haut point ce que doit être avant tout un vrai “Blockbuster”, riche en émotions, captivant sur la durée, et en ne sacrifiant pas ses personnages principaux, ni secondaires, ou son intrigue, pour en oublier les fondements mêmes de ce qui fait la force de représentation d’une telle saga, à savoir une oeuvre généreuse qui combine spectacle et réflexion philosophique pour créer une expérience cinématographique mémorable.

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